A propos d'unité

Parler de l’Unité c’est essayer de donner corps à la mesure de l’Un. Parler de l’Un, c’est dire l’indicible, limiter l’infini, cerner le sans mesure, rendre intelligible le mystère. L’ Un se vit dans le silence, mais ne peut être dit. Pourtant nombre de ceux qui ont rencontré l’Un, se sont fondus en lui - devenus Un - ont tenté de l’évoquer.
Ineffable, inconnaissable, insaisissable, il n’est ni ceci ni cela. Il ne possède aucune propriété, et non plus leur négation. … au delà de tout attribut, privé de forme, sans contenu, il a le vide pour substance … c’est la simplicité ultime.
« On regarde et ne voit rien, on l’appelle l’invisible - on écoute et n’entend rien, on l’appelle l’Inaudible - on palpe et n’atteint rien, on l’appelle l’imperceptible » (Lao Tseu)
             Simplicité ultime… Vide de substance, en même temps substantifié de vide…
             Infini, il n’a ni commencement ni fin … Sans limite, il transcende le temps et l’espace …
             Il est partout et nulle part, et il n’est nulle part où il ne soit …
«Sans référence, sans qualité, sans contenu et à la fois intrinsèquement potentiel, vivant, créatif.
Le cœur du monde, l’origine, la floraison et le vide de tous les phénomènes . .. »
L’Un fait les pleins et les vides - sans être ni plein ni vide, il est l’Acte du monde qui s’accomplit spontané-ment. Mouvant, créatif, à l’origine de tout mouvement, il est germe de Vie … Bien qu’à jamais inchangé, il est mouvement perpétuel ; il intègre le devenir, l’histoire, la multiplicité, la vie du monde dans sa diversité.
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Bien que vide, il contient tous les possibles en les déployant dans un seul et même mouvement et en un même instant. Son mode d’être est la spontanéité. Parce que sans forme, il peut revêtir toutes les formes et parce que tout englobant, les myriades d’êtres et d’événements sont englobés par lui : le vide et sa manifestation, la nature profonde et ses effets, le principe et sa fonction.
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On ne peut en parler, car il est en amont de la parole, mais on ne peut le taire non plus.
« Parce qu’on peut en parler, on ne peut dire qu’il na pas de réalité ; parce qu’on ne peut pas en parler, on peut dire qu’il est non existence. Il faut simplement savoir que lorsqu’on en parle, il n’est qu’une façon de dire, qu’un ‘nom’, et non pas quelque chose, encore moins quelqu’un. Si donc on en parle, il faut savoir que c’est ‘ du point de vue des êtres’ » (Chouang Tseu)
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Nombreux parmi ceux qui ont témoigné de leur recherche, ont accordé une grande part à la méditation, à la contemplation intérieure, tourné leur regard vers l’intérieur pour accéder à l’origine de leur être, à travers l’écheveau sans fin des pensées, des émotions, des sentiments, pour dénouer les nœuds de nos énergies physiques et mentales agglutinées. Et qu’ont-ils trouvé ?
                                 RIEN, Rien - "pas quelque chose" Rien- vide Rien absence de toute chose …
C’est là mais il n’y a pas quelque chose, "pas quelque chose" tout proche et totalement sans référence,
                              sans qualité, sans contenu,à la fois intrinsèquement potentiel, vivant,
                                        créatif déconcertant, insaisissable, inexprimable, indicible.
                                                                Mais "c’est ça" - Tout est là.
Le cœur du monde, l’origine, la floraison et le vide de tous les phénomènes, la concrétude de l’instant …
La vision voit le Vide, voit la mise en mouvement du Vide, voit l’interpénétration du Vide et des formes. C’est là le secret du monde et de tous les phénomènes. Un secret à vivre, à explorer, à devenir.

(Article paru dans 3e millenaire)